La Suisse est une puissance dans le drift

Où bolides de drift voient le jour

La Suisse est une puissance dans le drift

15 septembre agvs-upsa.ch – Yves Meyer, double champion de la course European Time Attack et vice-champion du monde FIA de l’Intercontinental Drifting Cup, sait ce qui compte pour le drift. Ce trentenaire de Suisse central ne se contente pas de glisser d’un côté à l’autre de la piste, il travaille également, dans la paisible ville d’Emmetten, sur de nouveaux châssis Toyota GR Supra pour la course. Une visite éclair exclusive au sein de l’équipe de Toyota Gazoo Racing Switzerland.
 
artikel_0.jpgYves Meyer en train d'essayer le nouveau châssis Supra pour la prochaine saison de drift. Source: Toyota Gazoo Racing Switzerland

jas. L’équipe de Drift Force GmbH travaille encore dans le petit atelier à côté du Centre de sécurité routière à Seelisberg. Le nouveau bâtiment, un joli garage à plusieurs étages dans la pittoresque ville d’Emmetten (NW), fait face à des retards de construction. Mais Yves Meyer et son équipe ne se laissent pas démonter. Ils se contentent simplement d’un espace un peu plus restreint pour travailler sur les nouveaux châssis Supra destinés à la prochaine saison de drift. Yves Meyer donne un premier aperçu de l’avenir de son entreprise: «Nous prévoyons plus tard trois postes de travail dans l’atelier, un espace pour le filmage, mais aussi un pour la construction de moteurs, un showroom, ainsi qu’un grand monte-voitures qui reliera les différents étages».

artikel_6.jpgLa Toyota GT-86 de Toyota Gazoo Racing Switzerland dans la «Formula Drift PRO» américaine.

Ce jeune homme de 30 ans, qui a grandi à Egolzwil, près de Sursee (LU) et est l’un des meilleurs pilotes de drift au monde, roule actuellement avec une Toyota GT-86 pour l’équipe de Toyota Gazoo Racing Switzerland dans la «Formula Drift PRO» américaine. Il y livre des duels captivants devant plus de 60 000 fans enthousiastes. «Le sport se développe, y compris en Europe. Red Bull TV l’a inscrit au programme avec le Driftmasters European Championship», explique Yves Meyer. Les trois mécaniciens travaillent pleins d’enthousiasme et de passion, tandis que le «Capo», comme on appelle aussi Yves Meyer, jette un œil à l’intérieur et offrent aux médias de l’UPSA un aperçu exclusif. «Nous avons la chance d’être la première équipe européenne à avoir reçu deux carrosseries Supra brutes pour la saison prochaine. Nous avons obtenu l’autorisation correspondante, pouvons attribuer notre propre numéro de châssis et, outre les deux voitures pour mon coéquipier Joshua C. Reynolds et moi-même, nous avons déjà deux commandes de véhicules clients que nous pouvons construire.»

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L'équipe de Toyota Gazoo Racing Switzerland et de Drift Force GmbH peut toujours faire mieux.

Les deux premiers châssis sont actuellement en train d’être poncés, soudés et martelés. «Nous avons bien sûr beaucoup travaillé avec des modèles 3D et des dessins en CAO afin de pouvoir positionner le moteur et le différentiel de manière idéale, mais nous ne verrons que dans la pratique si tout peut vraiment être mis en œuvre ainsi», révèle le mécanicien en chef Patrick Müller, qui est en train de poser des marquages sur les montants de la carrosserie brute, où il compte installer ultérieurement sa nouvelle construction Crashbar en aluminium. «Lorsqu’on drifte et accroche un mur, celui-ci ne cède pas. Grâce à notre installation, ça fait certes quelques étincelles, mais le pilote peut continuer sa course.» Ce genre d’accrochage donne certes du travail supplémentaire à l’équipe de l’atelier mais est pour Patrick Müller moins synonyme de casse-tête que par exemple les vis de modèles différents. «Nous avons besoin de vis en pouces pour certaines pièces et donc aussi des outils correspondants, c’est assez énervant. Je préférerais travailler uniquement avec des outils et des masses métriques.»

artikel_12.jpgLe chef mécanicien Patrick Müller prend les mesures exactes pour que le volant soit idéalement positionné à la fin.

Pour les pièces sensibles, l’équipe suisse mise aussi souvent que possible sur des pièces de série. «Dans le véhicule original, elles sont conçues pour au moins 500 000 kilomètres, il n’est donc pas nécessaire de d’en développer d’autres», explique Yves Meyer. «Nous sommes engagés dans une série mondiale de courses et nos clients sont chez eux dans le monde entier, ce qui est une bonne chose. C’est pourquoi il est important pour nous de miser sur des pièces et des composants disponibles partout dans le monde et rapidement.» En termes de châssis, l’équipe d’Yves Meyer a donc opté pour KW, car leurs amortisseurs sont fiables et disponibles dans le monde entier. «Nous ne devons pas seulement tirer le meilleur parti lors de la construction, mais aussi en matière d’approvisionnement des pièces: on ne sait jamais ce qui se peut se passer lors d’une course», déclare en souriant le double Champion d’European Time Attack et vice-champion du monde FIA de l’Intercontinental Drifting Cup.

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Une image rare, car normalement les professionnels du drift foncent en travers de la piste.

Derrière ses drifts habiles, il y a aussi beaucoup de savoir-faire et de technique. «Nous nous déplaçons avec des semi-licks afin d’être aussi rapides que possible. Mais nous voulons aussi une haute précision, une adhérence maximale pour 800 à 1000 ch et ne pas être sur les carcasses de nos pneus après deux courses», résume Yves Meyer. La marque sud-coréenne Nexen Tire fournit pour cela les pneus adéquats, et ce en quantité suffisante, car on consomme environ 500 pneus par saison et par pilote dans le drift! «450 sur l’essieu arrière et 50 de plus sur l’essieu avant», explique Yves Meyer. Une bonne course signifie que l’on se trouve sur la carcasse des pneus à partir de la ligne d’arrivée du deuxième tour  mais pas plus tôt, car les règles stipulent qu’un pneu doit tenir au moins deux courses. S’il lâche avant, on est disqualifié.

Pour son premier drift, Yves Meyer n’a d’ailleurs utilisé que quatre pneus. Aujourd’hui, il en rit volontiers. «Il est important que nous puissions d’ores et déjà accumuler des valeurs d’expérience importantes avec le nouveau Nexen Nfera Sport R. Ainsi, pour la saison prochaine, avec les châssis entièrement neufs, nous disposons déjà de certaines valeurs de référence en matière de trajectoire et de chute sur lesquelles nous pouvons nous appuyer», explique-t-il. Les nouveaux pneus Nexen sont plus larges et doivent transférer encore mieux toute la puissance des bolides à l’asphalte. «Nous avons simplement demandé aux développeurs de ne surtout rien changer sur les flancs, car ceux des pneus Nexen sont les meilleurs et n’ont jamais conduit à une crevaison au cours des dernières saisons», explique le pilote professionnel suisse.

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Yves Meyer et le nouveau châssis Supra dans le petit atelier Drift Force GmbH à côté du centre de sécurité routière à Seelisberg.

«La voiture la plus légère n’est pas forcément la meilleure», ajoute-t-il. «Nous travaillons beaucoup avec la force centrifuge et devons d’abord créer cet élan. Avec moins de poids, il y a moins d’élan avec lequel jouer.» Dans les courses, deux pilotes disputent toujours ensemble ce qu’on appelle des «battles» afin de faire monter la tension à chaque tour. Avant d’arriver à ces duels cruciaux et à la qualification, ils ont 2,5 heures ou 12 tours maximum pour définir leur configuration de course. Lors des qualifications, qui se déroulent individuellement, les arbitres évaluent l’angle, la ligne et le style. Seuls les 32 meilleurs coureurs se qualifient pour la course.

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Aux États-Unis, Yves Meyer - surnommé «Capo» - est engagé dans la «Formula Drift PRO» et a besoin d'environ 500 pneus par saison.

Et même si 150 à 160 ch suffisent amplement à faire son entrée dans le drift, pour la «Formula Drift PRO», la référence du drift, des valeurs de performance totalement différentes sont demandées. Ainsi, pour la saison prochaine, l’objectif pour Joshua C. Reynolds et Yves Meyer est d’obtenir, avec leur nouvelle Toyota GR Supra, 1000 ch et 1000 Nm avec seulement 3 litres de cylindrée. Drift Force GmbH collabore étroitement avec Adrian Mock, de Maptec GmbH à Romanshorn (TG). «Adrian possède une vaste expérience dans le développement et l’adaptation des moteurs issus de différentes séries de courses», explique Yves Meyer. «Le développement des moteurs et toute l’électronique sont l’affaire des spécialistes. Mieux vaut ne pas nous en mêler et nous occuper des autres détails.» Selon lui, le moteur et sa réactivité sont cependant deux points importants pour faire un bon véhicule: «La performance, l’empattement, mais aussi la rigidité, notamment au bon endroit, sont essentiels pour un bon bolide de drift. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra atteindre des angles extrêmes et transformer l’incroyable force g en super drifts. 

artikel_11.jpgLes professionnels du drift se livrent à des duels passionnants devant parfois plus de 60 000 fans enthousiastes.

Selon Yves Meyer, la propulsion arrière et une bonne dynamique de conduite sont décisives pour un véhicule de drift. Sans oublier la bonne répartition du poids. «Nous visons un rapport de 51 sur 49.» Toutefois, la répartition du poids peut varier en fonction du conducteur. «Il y a des pilotes qui préfèrent avoir plus de mouvements de rotation, soit en général plus de poids sur l’arrière», précise Yves Meyer. «Quant à moi, je préfère que le poids soit proche du point de pivotement lui-même et nous essayons naturellement d’en tenir compte lors de la construction de la voiture.» Il n’est pas toujours facile de trouver une solution à tous les désirs. «Nous sommes petits, mais très engagés et trouvons souvent des solutions qui ne seraient peut-être même pas envisagées par une équipe plus importante», déclare le professionnel du drift au numéro de départ 91.

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Yves Meyer (photo) et son coéquipier Joshua C. Reynolds prendront le départ l'année prochaine avec une Supra construite à Emmetten NW.

«Yves conduit avec une injection de gaz hilarant qui nécessite une certaine pression. Le tout doit se faire entièrement automatiquement sur la nouvelle voiture, de sorte qu’il puisse se concentrer pleinement sur le drift», révèle Patrick Müller, qui a lui-même beaucoup d’expérience en course, «pas si simple.» En outre, des gadgets sympas sont prévus, comme une caméra de recul ou un petit chauffage pour le carter sec afin que le moteur de 1000 ch ne doive pas amener inutilement l’huile à une température de fonctionnement idéale avant de glisser sur l’asphalte avec le plus de style possible. L’équipe de Drift Force GmbH ne manque donc pas d’idées. Seul le temps pourrait manquer, car la nouvelle Toyota GR Supra doit être expédiée dans le conteneur en novembre...
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